Pendant la 37ème session de l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE) qui a eu lieu début octobre à Paris, le mouvement #MeToo a fêté ses 5 ans. Véritable moteur de colère des militantes féministes, en cinq ans, #metoo a cumulé 53 millions de messages sur Twitter dans le monde. En France, #metoo est largement repris et cumule 852 800 tweets en cinq ans.
Face aux récentes affaires de violences sexistes et sexuelles (VSS) qui secouent le monde politique français, et alors que la parole des femmes continue de se libérer, l’AFE a souhaité inclure dans son règlement intérieur une cellule de règlement des conflits, notamment pour la prise en charge des victimes de harcèlement, outrage sexiste et/ou agressions sexuelles, physique, etc..J’ai participé à la formulation de ce chapitre dans le règlement intérieur qui sera publié sur le site de l’AFE. Ce règlement intérieur a été adopté lors de cette session à l’unanimité.
Une table ronde a été également organisée et que j’ai eu la chance de co-animer, afin de poser les bases du traitement des VSS avec trois experts de différents milieux : juridique, associatif, et recherche sur la place des femmes dans les collectivités territoriales.
Il faut mettre très clairement sur la table le traitement juridique des violences sexuelles. Donner plus de moyens à la justice, et mieux former les personnels. Réfléchir à modifier la loi, peut-être changer la prescription. Cependant la justice pénale est un des moyens de traiter les VSS mais c’est un moyen défaillant. Pour rappel, en France, 94% des plaintes pour harcèlement sexuel sont classés sans suite, 70% des plaintes pour viol le également. Il existe d’autres moyens qui sont complémentaires et qu’il faut reconnaître comme par exemple les moyens disciplinaires, en entreprise ou dans un parti politique.
Il faut aussi entamer une réflexion plus profonde sur la façon dont on traite ces affaires dans le cadre des partis politiques. Même s'il y a des instances qui ont été mises en place, ce qui est un progrès, la mise en pratique reste difficile. Il faut faire aussi attention aux victimes actuelles, car ces systèmes de médiatisation sont extrêmement douloureux pour les victimes qui n'ont pas besoin d’une re-victimisation.
« Pendant des années, les propos et les gestes intolérables envers les femmes ont été passés sous silence, beaucoup les considérant même comme « normaux». Le pouvoir se trouvant essentiellement du côté des hommes, les femmes agressées n’avaient d’autre choix que celui de se taire, de ravaler leur sentiment d’humiliation ou de honte »
La vague qui monte est si forte que nul ne peut ignorer aujourd’hui que les pratiques de la vie collective et de la vie publique ont changé. Les femmes ont investi certains des plus hauts échelons de l’État et n’entendent plus se laisser maltraiter. Il ne s’agit bien sûr pas de passer d’un extrême à l’autre, chaque plainte doit être dûment enquêtée. Mais chaque plainte doit désormais être prise en compte, il en va de la crédibilité de l’ensemble du monde politique » (Libération, édito du 20 septembre 2022)..